Jouer et Apprendre – Cadrage général


Le jeu constitue un levier efficace et pertinent pour poser les fondations sur lesquelles s’appuieront ultérieurement d’autres apprentissages. Dans le cadre d’un enseignement en milieu plurilingue les modalités de fonctionnement pourront tirer bénéfice d’une intégration de l’alternance séquentielle.

1- Constats et réponses institutionnelles

2- Un peu de vocabulaire

3- Typologie et développement de l’enfant

1- Constats et réponses institutionnelles

Constats

La classe maternelle : une organisation qui a perdu son originalité et qui s’est figée.
Rapport n° 2011-108 de l’Inspection générale « L’école maternelle » :
– Des espaces jeux qui ne sont pas pensés comme lieu d’apprentissage ;
– Des espaces essentiellement récréatifs en accès libre ;
– Des espaces qui n’évoluent pas.

Réponses institutionnelles

« Le jeu c’est le travail de l’enfant, c’est son métier, c’est sa vie. L’enfant qui joue à l’école maternelle s’initie à la vie scolaire, et l’on oserait dire qu’il n’apprend rien en jouant ? »

Pauline Kergomard 1882

« Le jeu favorise la richesse des expériences vécues par les enfants dans l’ensemble des classes de l’école maternelle » donc de la TPS à la GS.
« Il alimente tous les domaines d’apprentissages ».
« Il permet aux enfants d’exercer leur autonomie, d‘agir sur le réel, de construire des fictions et de développer leur imaginaire, d’exercer des conduites motrices, d’expérimenter des règles et des rôles sociaux variés. »

Extrait du programme de l’école maternelle, Bulletin officiel spécial n° 2 du 26 mars 2015

2- Un peu de Vocabulaire

Le jeu libre revêt une importance particulière dans le processus d’apprentissage de l’enfant. Celui-ci construit par ce biais des savoirs informels à son rythme et selon son propre parcours. Ces savoirs informels lui ouvriront l’accès aux apprentissages explicites. Dans un jeu libre, l’enfant choisit quand et comment il joue, dans un cadre temporel et spatial imparti. Il prend ses propres décisions. L’enseignant.e n’assure aucun guidage direct, mais peut susciter l’imitation. Dans certaines situations, particulièrement dans les jeux symboliques, sa présence trop proche ou son intervention peuvent amener l’enfant à abandonner son jeu ou à interrompre des échanges avec ses pairs.

Dans le jeu structuré, l’enseignant.e initie le jeu en vue de faire acquérir explicitement des apprentissages spécifiques à l’enfant. Ce dernier adhère spontanément ou en réponse au processus de dévolution mis en œuvre par l’enseignant.e. Tout en conservant son aspect ludique, le jeu structuré comporte des objectifs d’enseignement. Dans les phases de jeu, l’enfant conserve sa liberté d’agir, de prendre des décisions, de faire ses essais, de construire sa propre expérience. Deux niveaux de structuration peuvent être définis :

• Niveau 1 – Séance structurée simple (S1) : c’est une séance de jeu initiée par l’enseignant dans laquelle les apprentissages ne sont pas formalisés (exemple : un jeu de société que les enfants ne connaissent pas et auquel ils apprennent à jouer avec l’enseignant).

• Niveau 2 – Séance structurée avec formalisation (S2) : le jeu est intégré dans une séquence d’enseignement et offre le contexte d’où émergeront des apprentissages ciblés. Il est précédé systématiquement d’une ou plusieurs séances de jeu libre et/ou de jeu structuré (S1) au cours desquelles l’enfant s’est approprié le jeu. La formalisation est alors effectuée au cours de phases réflexives pendant, après et/ou avant le jeu. Cette pratique n’est réellement pertinente qu’à partir de l’âge de cinq ans environ.

Source: Eduscol, Cadrage général, Sept 2015

3- Typologie et développement de l’enfant

Typologie

La typologie proposée dans ce document relève du champ éducatif en milieu scolaire. Elle adopte une classification des jeux sur la base des quatre grandes catégories communément retenues dans ce cadre : jeux d’exercices, jeux symboliques, jeux à règles et jeux de construction.

Source: Eduscol. Cadrage général, Sept 2015

Jeux et développement de l’enfant

Le graphique ci-dessous  met en évidence les variations dans le temps de la pratique des différents types de jeux, hors temps de sommeil (nuit) et de repos (« sieste ») d’un enfant, dont le total varie en moyenne de 11 à 11h30 par jour dans le cas d’enfants de 2 à 6 ans environ.

Graphique : durées indicatives des temps de jeux d’un enfant jusqu’à l’âge de 6 ans, hors temps de sommeil et repos.

* Autres : inactivité, visionnements, écoute, productions autres que jeux, communication, moments partagés avec l’adulte (sorties, promenades, spectacles, visites, activités culturelles et éducatives autres que le jeu ).

La section 3 permet une estimation des proportions de temps éveillé que consacre l’enfant à chaque type de jeu aux environs de l’âge de 3 ans. Le jeu d’exploration y prend une place dominante, tandis que le jeu symbolique affirme son importance devant le jeu de construction déjà présent et le jeu à règles tout juste émergent.

Le graphique 1 montre une forte proportion des jeux d’exploration dans les premières années de l’enfant, avec une décroissance marquée autour de 2 ans et une persistance au-delà de 6 ans. Celle-ci rappelle qu’à tout âge, la découverte d’une situation ou d’un objet nouveau, commence par une phase d’exploration. Entre trois et quatre ans, le jeu d’exploration cède sa prédominance au jeu symbolique. Cette observation fait apparaître la nécessité d’un aménagement de classe évolutif au fil de l’année, selon les observations objectives effectuées par l’enseignant.

Le jeu d’imitation commence dès les premiers mois de vie de l’enfant, par la lecture du visage maternel puis l’imitation des attitudes et gestes observés chez les proches. Les premiers jeux symboliques solitaires débutent vers l’âge de 12 mois et occupent l’essentiel du temps de jeu de l’enfant vers l’âge de 4 ans. Ils évoluent ensuite vers des scénarios plus riches en interactions sociales.

Le jeu de construction solitaire débute lui aussi vers 12 mois. Les durées et les diversités de pratiques sont fortement conditionnées par le milieu fréquenté par l’enfant. Les premiers jeux à règles simples débutent vers 30 mois, mais les interactions sociales et l’intégration réelle de règles partagées ne commenceront que vers l’âge de 4 ans, lorsque l’enfant prendra conscience qu’il existe un « autre », porteur de points de vue différents du sien.

Source: Eduscol. Cadrage général, Sept 2015

Pour aller plus loin

Jeu et apprentissages au préscolaire (Recherche Québec)

https://www.erudit.org/fr/revues/qf/2011-n162-qf1809955/64301ac.pdf

How play connects to learning (US research)

https://www.naeyc.org/resources/topics/play

The power of play (US research )

https://www.childrensmuseums.org/images/MCMResearchSummary.pdf

Comprendre leu pour apprendre par le jeu (Recherche Canada)

http://seduc.csdecou.qc.ca/prescolaire/files/2015/07/Comprendre_le_jeu_pour_apprendre_par_le_jeu.pdf

Quelles relations entre jeu et apprentissages à l’école (Recherche France)

http://veille-et-analyses.ens-lyon.fr/LettreVST/48-octobre-2009.php